Dans son dernier rapport intitulé « La Femme Invisible dans le numérique : le cercle vicieux du sexisme », le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes souligne qu’en France, 46% des femmes travaillant dans la tech ont déjà été victimes de comportements sexistes, contre une moyenne de 38% dans les autres secteurs.
Dans le numérique, les femmes demeurent sous-représentées sur le plan de l’emploi, et sont également peu visibles dans les contenus présents sur les plateformes, déplore le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE).
On y lit qu’en 2020, seulement 29% des effectifs du numérique en France étaient des femmes. Elles n’étaient que 16% dans les métiers techniques et 22% dans les postes de direction.
Le constat est négatif concernant les rémunérations également, car le salaire brut médian des femmes ingénieures est de 50.000 euros, contre 59.000 euros pour les hommes qui exercent le même métier, soit un écart de 18%. Dans les fonctions les plus rémunératrices, à la direction générale, l’écart atteint 30%. Toutes fonctions confondues, l’écart salarial est de 23%, avec un salaire moyen annuel de 59.200 euros pour les femmes et 72.600 euros pour les hommes.
Les filles continuent à bouder les filières d’informatique et d’ingénierie : Selon les chiffres du Gender Scan, 7% seulement des adolescentes déclarent avoir envie de s’orienter vers le numérique contre 29% des garçons et elles étaient en 2023 seulement 14,6% à choisir la spécialité numérique et sciences informatiques (NSI).
Par ailleurs, un tiers des étudiantes en numérique déclarent avoir été victimes de comportements sexistes. Entre écarts de rémunérations et comportements sexistes, il n’est pas étonnant que la moitié des femmes quittent le secteur avant l’âge de 35 ans.
Le HCE déplore aussi la faible visibilité des femmes sur les plateformes et les réseaux sociaux (TikTok, YouTube, Facebook, Instagram).
A partir de l’analyse des 100 contenus les plus vus, le HCE affirme que sur Instagram, 68% des contenus propagent des stéréotypes de genre ; 27% contiennent des propos à caractère sexuel et 22% des propos à caractère sexiste ; sur YouTube, 24% des contenus contiennent des éléments de violence et seulement 8% des vidéos sont faites par des femmes ; sur TikTok, 61% des vidéos présentent des comportements stéréotypés masculins et 42,5% des séquences d’humour et de divertissement contiennent des représentations dégradantes des femmes.
Les réseaux sociaux participent au triple processus d’invisibilisation des femmes, de reproduction des stéréotypes de genre et de diffusion de la violence symbolique et physique envers les femmes.
Le HCE alerte sur cette situation et formule des recommandations concrètes pour rompre le cercle vicieux du sexisme et redonner aux femmes la place qu’elles méritent dans l’espace numérique. La féminisation du secteur et la régulation des contenus doivent être une priorité au plus haut niveau de l’État. L’institution recommande aux plateformes de montrer aux utilisateurs au moins 30% de contenus créés par des femmes, au sein du volume total. Elle prône aussi la création d’un cadre éthique commun pour le calibrage des algorithmes au niveau européen.