En baisse chez les hommes ces vingt dernières années ( – 27%), les accidents du travail connaissent, chez les femmes, une nette progression ( + 42%).
Publié à l’été 2022, le dernier rapport de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) porte sur la période 2001-2019. En 2019 : 650 715 personnes, dont 62,7% d’hommes et 37,3% de femmes, ont été victimes d’accidents du travail.
Les secteurs les plus touchés sont des secteurs à dominante féminine : santé , action sociale, travail temporaire, nettoyage, vente. Certains secteurs d’activité avec des normes masculines apparaissent accidentogènes pour les femmes.
C’était le cas de la Poste et notamment des factrices et facteurs. S’ils faisaient le même métier, les femmes étaient beaucoup plus absentes et avaient plus d’accidents de travail que les hommes. Après observation des conditions de travail, ce taux élevé d’accident et d’absentéisme était lié aux organisations de travail, qui ne s’étaient pas adaptées à l’arrivée des femmes dans le métier et donc en inadéquation avec la morphologie et les capacités des femmes ( étagères, véhicules, dispositifs de tri, cadences).
Ce constat a amené La Poste et ses ergonomes à faire évoluer les moyens matériels.
Les femmes entrent aussi depuis quelques années dans les secteurs à prédominance masculine et dans des postes exposés au risque d’accident de travail comme le BTP, secteur le plus accidentogène, et où les politiques de prévention protègent les femmes insuffisamment.
Les femmes (54%) ont également plus d’accidents de trajet que les hommes (46%) et leur nombre est en nette progression (+33,6%), alors qu’il s’est stabilisé pour les hommes. Ce ne sont pas des accidents de voiture mais plutôt à pieds ou en transport en commun qui peut s’expliquer par le fait que les femmes sont obligées de se dépêcher entre leurs différentes activités voir leurs différents employeurs.
Les maladies professionnelles reconnues sont en augmentation très forte et constante depuis 2001, et elles progressent nettement plus rapidement pour les femmes (+158,7%) que pour les hommes (+73,6%). Les maladies répertoriées sont essentiellement des troubles musculo-squelettiques, des tendinites au poignet ou à l’épaule.
Les femmes sont une fois et demie à deux fois plus exposées aux tendinites que les hommes, voire près de trois fois plus dans les catégories ouvrier/employé. Cela s’explique par le fait qu’elles exercent des métiers répétitifs, comme employée dans l’agro-alimentaire ou de saisie sur ordinateur, des postes qu’elles occupent plus souvent que les hommes.
Plus nombreuses à des postes avec plus de contraintes de temps et moins de flexibilité, les femmes sont donc, aussi, davantage exposées au stress, sans compter les charges familiales qui, souvent, leur incombent. Ce à quoi s’ajoutent les risques psychosociaux comme le harcèlement et/ou la violence au travail. Autant de facteurs pathogènes.
Extrait de Chiffres-clés 2001 – 2019 de la sinistralité au travail (Anact).