En dix ans d’existence, le Défenseur des droits a reçu environ un million de réclamations. Mais sur ce total, 115.000 ont été reçues en 2021, soit une hausse globale des sollicitations de 21 % et un « niveau jamais atteint » liées principalement à la crise sanitaire.
Dans le dernier rapport du Défenseur des droits publié mardi 5 juillet, il est précisé que les réclamations traitées en 2021 ont porté notamment sur :
– La protection et Sécurité sociale (22,1 % des réclamations traitées)
– Le droit des étrangers (17,1 %)
– Le droit routier (11,6 %).
Les effets du Covid-19 ont également motivé de nombreuses sollicitations. Tout en reconnaissant l’importance de la vaccination dans la lutte contre la pandémie, la Défenseure des droits Claire Hédon « a déploré l’érosion progressive de nos libertés et de la cohésion de la société » alors que « les inégalités sociales et la précarité n’ont fait que s’aggraver ».
Elle évoque « les effets persistants et particulièrement préoccupants sur les enfants d’une crise sanitaire installée dans la durée ». Une partie du rapport annuel est justement dédiée à la santé mentale des enfants et aux appels de la Défenseure des droits lancés aux autorités sur l’impératif d’« une vigilance accrue », la santé mentale des enfants devant être une priorité absolue en matière de politiques publiques.
Dans son rapport, il est aussi pointé du doigt le manque de présence humaine dans les services publics : l’année 2021 a été marquée par un forte augmentation des réclamations. Sur plus de 90 000 dossiers concernant les services publics, étaient principalement invoqués l’absence de réponse, la difficulté à joindre l’agent responsable du dossier, l’impossibilité de prendre une rendez-vous, des formulaires uniquement en ligne. D’après le rapport, la transformation numérique doit impérativement s’accompagner du maintien d’un lien humain.
La Défenseure des droits tire aussi la sonnette d’alarme sur les contrôles au faciès, les insuffisances de l’école inclusive, les discriminations, la déontologie des services de sécurité, l’ état d’urgence… Concernant ce dernier point, elle appelle d’ailleurs à sortir de l’état d’urgence sanitaire. « On ne peut pas rester éternellement dans un état d’urgence. […] Il est indispensable d’avoir un vrai débat démocratique, avec un examen au Parlement qui prenne le temps nécessaire », explique-t-elle.
En matière de lutte contre les discriminations, une plateforme dédiée a été créée le 12 février 2021 (Antidiscriminations.fr). Conçu, porté et piloté par le Défenseur des droits, ce dispositif qui propose des voies de recours pour les victimes de discriminations, comprend aussi un numéro d’appel, le 3928 et mobilise des associations, des organisations syndicales et les services de l’État compétents. En décembre 2021, la plateforme comptabilisait 14.000 sollicitations et a permis, selon le rapport, une augmentation de 22,2 % des saisines sur cette thématique.