L’ emploi chez les personnes atteintes de troubles du spectre de l’autisme : encore un long parcours.

La Haute Autorité de Santé estime qu’aujourd’hui il y a environ 600.000 adultes atteints de troubles du spectre de l’autisme en France, dont la moitié d’entre eux se destine ou prend une part active au marché du travail. Dans la réalité, très peu de personnes autistes ont accès à un emploi.  

«On considère que 90 % des personnes autistes sont très éloignées de l’emploi en France», indique Patrick MAINCENT, porte-parole de l’Union nationale des associations de parents d’enfants inadaptés (Unapei).

Un chiffre qui s’explique avant tout par « le manque de connaissances de leurs compétences, de leurs difficultés aussi » selon lui.

On ne mise pas assez sur les capacités et compétences des personnes autistes et donc sur ce qu’elles ont à apporter dans le monde du travail. 

Une des principales difficultés qui empêche les personnes autistes d’accéder à un emploi est avant tout liée à un tabou qui pèse sur l’autisme : l’assimilation à un trouble psychiatrique. Or, si l’autisme est  ni un trouble cognitif, ni un handicap mental, les personnes autistes ont aussi des forces et des compétences qui peuvent être mises à profit dans le cadre d’un emploi. Elles ont de grandes capacités de concentration et de travail en précision, un goût pour les opérations répétitives.

 

Une autre barrière dans l’accès à l’emploi est l’approche traditionnelle des processus de recrutement : les entretiens d’embauche nécessitent des compétences sociales et de communication difficilement accessibles pour les personnes autistes, alors même qu’elles ne sont pas toujours nécessaires dans le poste visé.

 

D’après Vincent GRIMALDI DE PUGET, Directeur associé du cabinet de conseil Nextperience, professeur affilié à l’Université Grenoble Alpes, et administrateur de la fédération Autism Europe :

«  Selon des études américaines, les entreprises qui utilisent les entretiens traditionnels en face à face peuvent inconsciemment écarter les talents les plus compétents, surtout lorsque le poste ne nécessite pas d’aptitudes sociales particulières. Des solutions existent. Elles passent notamment par la mise en œuvre de processus de recrutement adaptés et structurés, afin de limiter l’effet des biais cognitifs inconscients dans les décisions. L’impact est mesurable : une accumulation croissante de témoignages confirme que les entreprises qui mettent en œuvre ces politiques inclusives renforcent la neurodiversité de leurs équipes et affichent une rentabilité, productivité et compétitivité accrues. »

 

Conséquences : les difficultés d’accès à l’emploi pour les personnes autistes ont un impact négatif sur leur statut socioéconomique, la qualité de vie et leur santé mentale.

 

Pour tenter de répondre à ces difficultés, des initiatives ont vu le jour à commencer par le dispositif initié par Pôle emploi : « Autisme et emploi » Ce dispositif a été imaginé pour répondre aux besoins spécifiques de ces personnes en termes d’accueil et de prise en charge au sein d’un service public comme Pôle emploi, et en termes d’accompagnement vers l’insertion professionnelle. Une formation à destination des agents Pôle emploi a également été mise en place afin de les sensibiliser sur l’accueil des personnes autistes en agence.

 

Autre initiative : dès 2014, le projet de l’association Vivre et Travailler Autrement a développé  un dispositif d’inclusion professionnelle et sociale, en proposant à des adultes autistes un emploi en CDI, un hébergement et des activités favorisant leur épanouissement. Le tout avec un encadrement par des spécialistes de l’autisme.

 

D’après Julie DACHEZ, conférencière et auparavant enseignante-chercheuse  atteinte de troubles du spectre de l’autisme «  Le changement, doit surtout venir de la société avec une meilleure inclusion. C’est long et lent. Trop peu d’adulte autiste occupe un travail à temps plein. C’est gravissime pour leur estime d’elle-même, leurs finances aussi.(..). L’idée, ce n’est pas d’amener la personne à améliorer ses compétences socioprofessionnelles. Élargissons la focale. Interrogeons-nous plutôt sur ce que l’entreprise peut faire pour élargir son processus de recrutement pour une fois qu’une personne autiste travaille, on mette en place les aménagements nécessaires pour qu’elle travaille dans de bonnes conditions et exprime son plein potentiel. »

Qu’est-ce que l’autisme ? ( source Agefiph) – avril 2023 

On parle de troubles du « spectre » de l’autisme, car le terme d’autisme recouvre une réalité très large, très variée et très hétérogène, les dimensions symptomatiques étant :

Les déficits persistants de la communication et des interactions sociales observés dans des contextes variés ;

Le caractère restreint et répétitif des comportements, des intérêts ou des activités;

Chaque personne peut se situer à des degrés différents dans le spectre de l’autisme, selon la fréquence et l’intensité de ses particularités. Certain.es vont beaucoup s’exprimer alors que d’autres auront des difficultés, certain.es auront besoin de temps pour réaliser des apprentissages alors que d’autres vont parfaitement les maîtriser;

L’ autisme peut être isolé ou associé à d’autres troubles ou maladies : troubles du sommeil, troubles anxieux ou dépressifs, hyperactivité, épilepsie…

 

Pour aller plus loin :

Les entreprises pour la Cité  – Grand Est proposent de préparer un groupe d’une dizaine de personnes autistes à la rencontre d’entreprises.

Pour les accompagner dans leur projet professionnel et pour répondre à la question « comment aborder mon autisme en entreprise ? », des professionnels du réseau se mobilisent au côté d’étudiants de l’INSTITUT SUPÉRIEUR DES RESSOURCES HUMAINES de Schiltigheim.

Lundi 9 octobre : 1h30 de sensibilisation avec des étudiants.

Lundi 6 novembre : 3 heures d’atelier de 13h à 16h avec des entreprises membres du réseau et des candidats.

 Inscriptions 

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