LE SAVIEZ-VOUS ?
Quel est le pourcentage d’étudiants ayant renoncé, pour des raisons financières, à intégrer l’établissement d’enseignement supérieur de leur choix ?
Sous l’effet des contraintes économiques, les trajectoires universitaires se recomposent en profondeur. D’après une enquête IFOP réalisée pour l’association Cop1, publiée le 30 septembre, 30 % des étudiants disent avoir renoncé à intégrer l’établissement de leur choix pour des raisons financières ; 27 % ont revu leur orientation professionnelle initiale ; 22 % envisagent désormais de raccourcir leurs études.
Ces renoncements s’ajoutent à des difficultés de réussite : 53 % déclarent avoir échoué à au moins un partiel et interrogent la capacité de l’enseignement supérieur à garantir l’égalité des chances. Le lien entre précarité et échec académique apparaît avec force dans les taux de redoublement : 32 % des étudiants ayant recours à l’aide alimentaire ont redoublé au moins une année, contre 17 % parmi ceux qui n’y ont pas recours. Cet écart de 15 points illustre la manière dont l’insécurité alimentaire affecte directement les capacités d’apprentissage et la réussite.
Pour les étudiants en situation de précarité, les handicaps s’additionnent : renoncements en amont sur le choix des formations, difficultés à suivre pendant le cursus, risque accru d’échec qui allonge mécaniquement la durée et le coût des études. Un cercle vicieux s’installe, où la précarité nourrit l’échec, lequel renforce à son tour la précarité.
À cela s’ajoute un obstacle majeur : la méconnaissance des dispositifs d’aide. Moins d’un étudiant sur deux se dit bien informé sur les aides financières (49 %), psychologiques (47 %) ou administratives (39 %), et seuls 24 % connaissent les aides juridiques disponibles. Ce déficit d’information, stable voire en hausse sur certains volets, limite l’efficacité des politiques publiques de soutien aux étudiants.
Autres enseignements de l’étude : Précarité alimentaire durable, santé mentale sous tension : le quotidien étudiant en 2025
L’édition 2025 confirme une précarité alimentaire désormais installée chez les étudiants. La part de ceux qui sautent régulièrement des repas faute d’argent se stabilise à 34 % (36 % en 2024), au-dessus de la moyenne nationale (29 %). Les stratégies d’adaptation se banalisent et durent : 74 % privilégient les repas à domicile, 70 % achètent des produits moins chers et adoptent l’anti-gaspillage, 68 % fréquentent les discounters. Plus préoccupant, 46 % réduisent leurs portions et 53 % basculent vers des menus moins coûteux. Le recours à l’aide alimentaire touche désormais 16 % des étudiants.
La santé mentale reste un angle mort. Deux tiers des étudiants (66 %) disent ressentir surtout des émotions négatives ( fatigue, débordement, solitude) contre 34 % d’émotions positives. Le sentiment de solitude demeure élevé (34 %, contre 19 % au niveau national), même s’il recule depuis 2023 (45 %), puis 2024 (41 %), signe d’une normalisation post-COVID. Le dispositif « Santé Psy Étudiant » peine toutefois à s’imposer : seuls 35 % des étudiants ayant consulté un psychologue y ont eu recours (37 % en 2024). La première barrière reste l’information : 41 % des non-utilisateurs ignorent son existence et, plus largement, moins d’un étudiant sur deux (47 %) s’estime suffisamment informé sur les aides psychologiques.
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