L’entreprise, lieu de discrimination envers les salariés LGBTQ + 

Alors que vient de s’achever le Mois des fiertés, consacré à la visibilité des personnes LGBTQ + (personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, intersexes et toutes les personnes ne se reconnaissant pas comme hétérosexuelles et/ou cisgenres), plusieurs rapports reviennent sur les discriminations subies par les personnes LGBTQ+ en France. Le triste constat est que les discriminations et agressions persistent en France. Plus spécifiquement, le monde du travail reste un lieu de discriminations et d’exclusion pour ces personnes. 

Depuis 50 ans, le mois de juin est devenu le mois des fiertés qui trouve ses origines dans un événement de juin 1969 à New York lorsque la police fait irruption dans un bar gay le  Stonewall. À la suite de cette interruption, un groupe de personnes composé de lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres se sont rebellées contre l’autorité. 

Juste un an plus tard (1979), toujours à New York, une activiste américaine luttant pour les droits bisexuels  Brenda Howard organise la première marche des fiertés à l’occasion de l’anniversaire du soulèvement de Stonewall.  

En 2022, toute la durée du mois de juin, des marches ont donc eu lieu partout en France pour sensibiliser aux causes LGBTQ+ et permettre aux personnes qui s’identifient comme telles de s’affirmer fièrement. 

Etat des lieux de la situation des LGBTQ+ à l’échelle européenne. 

Un classement annuel a été réalisé par l‘ILGA-Europe, la branche européenne de l’association internationale lesbienne et gay, classement basé sur 66 critères, regroupés en catégories : l’égalité des droits, la famille, la lutte contre les discours et les crimes haineux, la reconnaissance légale des différents genres, le respect de l’intégrité physique des personnes, la place accordée dans la société publique et le droit d’asile, l’égalité face au mariage ou encore les politiques anti-discriminations.

En haut du classement 2022, on trouve  Malte (92%) où le mariage et l’adoption sont accessibles, sans restriction, aux lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres. Le Danemark (74%) arrive en seconde position en incluant notamment dans le code pénal l’orientation sexuelle, l’identité de genre, l’expression de genre et les caractéristiques sexuelles comme facteurs aggravants des crimes de haine ; puis la Belgique (72%) où la Wallonie a récemment adopté 16 mesures destinées à soutenir les personnes LGBTQ+.

Tout en bas de la liste, on retrouve la Russie (8,45%) – où les unions entre personnes de même sexe sont proscrites et qui a instauré une loi contre la “propagande” homosexuelle auprès des mineurs, l’Arménie (7,50%), la Turquie (4%) et l’Azerbaijan (2,41%). 

20 pays sur 49 n’ont toujours aucune protection contre les crimes de haine fondés sur l’orientation sexuelle. 

Quant à la France, elle arrive en cinquième position (65%).  

Les discriminations envers les personnes LGBTQ+ en augmentation en France 

Lundi 16 mai, le ministère de l’Intérieur a publié des chiffres alarmants quant aux atteintes anti-LGBTQ+ dans notre pays. Les crimes et délits à leur encontre seraient en hausse. 

Selon cette étude, le nombre d’atteintes à ces personnes a augmenté de 28% en France entre 2020 et 2021 et a doublé en 5 ans. Le ministère de l’Intérieur souligne que “les services de police et de gendarmerie ont enregistré 3.790 atteintes commises en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre“ avant d’ajouter que “ces atteintes prennent majoritairement la forme d’injures ou de diffamations (59%)”.  

Les victimes font pourtant rarement la démarche de porter plainte. Selon le ministère de l’Intérieur, seules 20% des victimes de menaces ou de violences et 5% des victimes d’injures déclarent avoir porté plainte.  

Enfin, les atteintes aux LGBTQ+ toucheraient en majorité les hommes (73% en 2021 selon l’étude) et les moins de 30 ans (51%).  

De son côté l’Autre Cercle a analysé l’inclusion des personnes LGBTQ+ au travail : en deux ans, les résultats au niveau national ne montrent pas une évolution positive en matière d’inclusion des personnes LGBTQ+ au travail. “Ils traduisent les efforts encore importants à mener par les directions générales.” 

Ainsi, 25 % des salariés disent avoir subi des discriminations verbales de la part d’autres salariés, mais aussi de clients ou fournisseurs, et 16 % disent avoir été mis à l’écart du fait de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle. Ils sont un quart à dénoncer des discriminations de la part de leur direction (26 %, soit + 6 points par rapport à 2020). 

L’association SOS Homophobie confirme que les agressions dans le monde du travail représentent ainsi 11% des signalements reçus par l’association. C’est le troisième lieu où les discriminations homophobes sont les plus fréquentes derrière les réseaux sociaux et le milieu familial. Les actes de rejet, le harcèlement et les insultes sont les cas les plus fréquents, et si les agressions physiques ou sexuelles restent rares, elles persistent. 

Un phénomène d’autocensure des LGBTQ+ encore très présent. 

Selon l’étude IFOP, près 50% des salariés LGBTQ+ se disent « invisibles » dans leur organisation, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas révélé leur orientation sexuelle. 70% des interrogés déclarent ainsi avoir caché le genre de leur partenaire sur leur lieu de travail. L’invisibilité diminue à mesure de la progression dans l’échelle sociale. Ainsi, 65% des professions intellectuelles supérieures sont visibles auprès de leurs responsables hiérarchiques contre seulement 42% des ouvrières et ouvriers. 

Parmi les invisibles, 83% le sont pour préserver leur évolution de carrière et 67% pour assurer leur bien-être quotidien au travail. 

Cette enquête met en lumière les paradoxes entre les intentions inclusives affichées par les organisations et les réalités de terrain. Il reste encore beaucoup à faire notamment sur la sensibilisation des managers et des collaborateurs sur les questions de discrimination et d’orientation sexuelle. 

« Pour plus de 7 personnes LGBTQ+ non visibles sur 10, le fait de recadrer les comportements LGBTphobes, de sanctionner les cas de discriminations LGBTphobes ou encore d’avoir des collègues LGBTQ+ visibles faciliteraient leur visibilité ». 

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