Handicap, maladies chroniques : sources de discrimination à l’emploi

Pour 62 % des recruteurs, l’embauche de personnes en situation de handicap est difficile. 35 % estiment pourtant que leur insertion est aujourd’hui une priorité pour les entreprises et peut être bénéfique. Ces chiffres, tirés du baromètre Agefiph – Ifop de décembre 2023, démontrent le paradoxe entre l’envie d’inclusion et les difficultés de l’intégration dans l’entreprise de personnes en situation de handicap.

Les discriminations à l’embauche restent très importantes malgré la mise en place de la réglementation du taux d’emploi des personnes handicapées (6 %).

Dans les faits, face à cette discrimination à l’embauche, des personnes en situation de handicap se posent tout naturellement la question d’oser parler de leur handicap ou non.

En 2023, en France, 1,1 million de personnes handicapées travaillent. Bien qu’en diminution depuis 5 ans, le taux de chômage des personnes handicapées atteint 13 %. Il est près de deux fois plus élevé que celui de l’ensemble des demandeurs d’emploi, malgré des efforts concrets de l’État français pour faciliter l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap qui reste un facteur de surexposition au chômage, au temps partiel et à la précarité.

D’après l’Observatoire des inégalités dans un rapport publié fin 2023 :  « lors des entretiens d’embauche, si les discriminations au sens strict existent à l’égard des personnes en situation de handicap, les obstacles relèvent pour la plupart des « discriminations indirectes ». Ainsi, « les employeurs ne font pas les efforts nécessaires pour adapter les postes. Même la fonction publique d’État ne remplit pas son obligation d’emploi de travailleurs handicapés ». 

Les maladies chroniques sont également source de discrimination au travail

De plus en plus fréquentes dans une population active vieillissante, les maladies chroniques sont une source de discrimination souvent méconnue dans le monde du travail.

Une personne sur six atteinte de maladie chronique (diabète, asthme, cancer…) a ainsi été confrontée à une discrimination ou à un harcèlement discriminatoire dans le cadre professionnel en raison de son état de santé ou de son handicap, selon un baromètre réalisé par le Défenseur des droits en partenariat avec l’Organisation internationale du travail (OIT).

Un risque multiplié par trois dès lors qu’il s’agit d’une maladie “visible”.

La situation est d’autant plus préoccupante que la part de la population active touchée par une maladie chronique augmente rapidement : de 15 % en 2019, elle devrait atteindre 25 % dès 2025, selon l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact).

Une évolution due à la fois aux progrès thérapeutiques “qui ont pu contribuer à transformer certaines maladies, autrefois aiguës et mortelles, en maladies chroniques”, mais aussi aux “facteurs environnementaux”, “inégalités socioéconomiques” ainsi qu’aux “conditions de travail”.

Depuis la loi du 11 février 2002 pour l’égalité des droits et des chances, la maladie chronique est reconnue comme un handicap. Les gens concernés peuvent ainsi « bénéficier de la protection juridique offerte aux personnes en situation de handicap contre toutes formes de discrimination «  , est-il écrit dans le baromètre.

Autrement dit, tous les employeurs sont obligés de prendre des mesures appropriées pour permettre à ces salariés d’accéder à un emploi correspondant à leur qualification ou de le conserver. Le refus de cet aménagement peut être considéré comme une discrimination. Il n’en reste pas moins que 29 % de salariés atteints d’une maladie chronique ne bénéficient pas d’un aménagement de leur poste alors qu’ils en auraient besoin.

Dans les faits plus de la moitié des candidats à un emploi ne parlent jamais de leur problème de santé de peur de ne pas être embauché, d’autant plus que 40 % des personnes malades dont les problèmes de santé sont connus de leur employeur et de leur manager « ne bénéficient du soutien et de la compréhension ni de l’un ni de l’autre », selon le Défenseur des droits. Pour ceux qui réussissent l’entretien d’embauche, la crainte des répercussions négatives, elle, demeure.

Seulement la moitié d’entre eux ont informé leur supérieur hiérarchique de leur état de santé une fois en poste.

Inclusion et sensibilisation

L’inclusion ne passe pas uniquement par l’aménagement du poste et de l’emploi du temps, mais aussi par la formation des équipes, du recruteur au manager. L’enjeu est d’abord d’éviter toutes discriminations à l’embauche, mais aussi de sensibiliser à la prise en compte des singularités.

Ces sensibilisations permettent de simplifier le quotidien du salarié handicapé ou souffrant d’une maladie chronique, mais aussi, facilitent bien souvent le quotidien de ses collègues.

Du côté des salariés, leur perception sur l’intégration des travailleurs en situation de handicap évolue positivement : selon le baromètre Agefiph – Ifop, ils sont 52 % à estimer que leur présence a contribué à changer le regard qu’ils portent sur le handicap. Ils sont 77 % à considérer que c’est aussi l’occasion de mettre en place « de nouvelles manières de faire ».

Sources

Baromètre Agefiph IFOP sur l’emploi des personnes en situation de handicap – décembre 2023

Étude – 16e baromètre sur la perception des discriminations dans l’emploi – 2023

Rapport sur les inégalités en France – Observatoire des inégalités – décembre 2023

Exemple de bonnes pratiques pour l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap et leur maintien dans l‘emploi : AIRBUS, membre LepC et signataire de la Charte de la diversité

Au sein d’Airbus, la politique handicap s’inscrit dans la politique de responsabilité sociétale, d’inclusion et de diversité en tant que composante de la politique d’égalité des chances et de non-discrimination. Depuis de nombreuses années, Airbus développe une politique volontariste en faveur de l’insertion professionnelle, l’emploi et le maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap. Dans ce cadre, plusieurs accords handicap ont été signés pour mettre en place des actions concrètes et ancrer durablement la politique handicap dans la stratégie et la culture d’Airbus.

Airbus s’est doté d’une Mission Handicap, au sein de l’équipe Inclusion & Diversité qui est  l’interlocuteur privilégié en matière de handicap. La mission handicap coordonne et pilote : 

– le déploiement des actions relatives aux différents axes des accords handicap,

– la mise en place des actions opérationnelles,

– l’animation du réseau d’acteurs et de relais internes.

 

Exemples d’actions mises en place par Airbus:   

Soulignant que la singularité est valorisée et que la différence est la bienvenue, Airbus organise tout au long de l’année des actions de communication et de sensibilisation, visant à apporter une meilleure connaissance du handicap, faire évoluer les mentalités, lever les freins à l’insertion et au maintien dans l’emploi ( conférences, témoignages de salariés en situation de handicap,…)   

Pour le maintien et l’évolution dans l’emploi, la mission handicap apporte des réponses adaptées à chaque situation et met en place les accompagnements nécessaires (matériel ergonomique, aménagement des locaux, utilisation de technologies d’assistance,…) 

Concernant le recrutement au sein d’Airbus, les équipes organisent et participent à des forums dédiés. Des équipes composées des collaborateurs et collaboratrices d’AIRBUS nommés  « les diversités spécialistes », coachent  des personnes en situation de handicap et en recherche d’emploi afin de les aider à valoriser leur CV, que ce soit pour répondre à des offres d’emplois en externe, mais aussi au sein d’Airbus quand des postes sont à pourvoir. Les « diversités spécialistes » les accompagnent alors dans le processus de recrutement.   

Airbus organise aussi des visites d’entreprises “Atout pour tous”  pour des lycéens bac pro en situation de handicap, avec au programme, une visite et une présentation de l’entreprise et des différents métiers, une présentation de la mission handicap avec le témoignage de plusieurs salariés. Ces visites ont pour objectif d’aider les lycéens à mieux s’orienter.

Dans le cadre de la réinsertion professionnelle, Airbus organise des visites d’entreprises pour les personnes en recherche de stage ou d’alternance.

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