Le 2 avril, lors de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, initiée en 2007 par les Nations Unies, le monde a été invité à se pencher sur les réalités souvent méconnues de l’autisme. En France, où près de 700 000 personnes sont identifiées avec un trouble du spectre autistique (TSA), le taux de chômage frôle les 90%. Cependant, les entreprises qui ont intégré des employés neurodivergents rapportent une augmentation de leur productivité et de leur créativité.
Qu’est-ce que l’autisme ?
L’autisme fait partie des troubles du neurodéveloppement, qui incluent également les troubles dys (dyslexie, dyspraxie, dysphasie) et le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Ces conditions se caractérisent principalement par des difficultés dans les interactions sociales et de la communication et par des intérêts restreints et répétitifs.
Le terme d’autisme recouvre donc une réalité très large, très variée et très hétérogène, c’est pourquoi on parle de spectre autistique.
Contrairement aux idées reçues, l’autisme n’est pas causé par des facteurs environnementaux ou émotionnels, mais résulte de causes neurologiques. Autisme Info Service note que seulement 30 à 40 % des personnes autistes présentent une déficience intellectuelle, déconstruisant ainsi le stéréotype qui associe automatiquement autisme à un handicap intellectuel sévère.
L’insertion professionnelle des personnes autistes
La réalité du marché du travail pour les personnes autistes s’avère très difficile avec un taux de chômage avoisinant les 90 %. Cette faible intégration est souvent attribuée à une méconnaissance par les employeurs des spécificités et des potentialités de ces individus. Pourtant, des études montrent que les employés neurodivergents peuvent exceller dans des domaines comme la reconnaissance de formes, la mémoire et les mathématiques, compétences précieuses dans de nombreux secteurs.
Des entreprises de renom telles que SAP, Microsoft, Deloitte, ont d’ailleurs intégré avec succès des employés neurodivergents et témoignent de bénéfices multiples : augmentation de la productivité, créativité accrue, amélioration de la culture d’entreprise, et réduction du turnover.
Mesures pour l’intégration de la neurodiversité
Pour faciliter l’intégration des employés neurodivergents, les entreprises peuvent adopter plusieurs stratégies. Modifier le processus de recrutement pour qu’il soit plus inclusif est une première étape : utiliser un langage clair et direct dans les annonces, et privilégier des évaluations de compétences plutôt que des entretiens classiques.
Il est également crucial de s’associer à des organisations spécialisées dans le travail avec les personnes neurodivergentes pour bénéficier de leur expertise en matière de recrutement et d’intégration. La formation des collègues et la sensibilisation aux particularités de la neurodiversité sont essentielles pour créer un environnement de travail inclusif et bienveillant.
Il ne suffit pas d’embaucher des candidats neurodivergents : il est également important qu’ils se sentent soutenus et qu’ils trouvent des occasions de développer leurs compétences. À cet égard, les organisations peuvent s’assurer que leurs employés neurodivergents ont des mentors au sein même de leur propre organisation pour répondre à leurs besoins.
Ensuite, les entreprises doivent réfléchir aux possibilités de développement de carrière et aux parcours personnalisés pour les employés neurodivergents. Il s’agit notamment de réfléchir à des questions telles que la manière dont les performances seront évaluées et la façon dont ils peuvent développer des compétences pour progresser dans leur carrière.
Enfin, pour créer un environnement favorable, il est essentiel de sensibiliser les personnes qui travaillent avec des employés neurodivergents. Le plus souvent, ce n’est pas la neurodiversité en soi qui est un frein, mais les préjugés et la discrimination auxquels sont confrontées les personnes concernées
Les entreprises peuvent également repenser leurs espaces de travail pour les rendre plus adaptés : utiliser des couleurs apaisantes, aménager des espaces de repos, et offrir des options de travail flexible et à distance. Ces aménagements peuvent aider les employés neurodivergents à mieux gérer leur emploi du temps et leur bien-être personnel, tout en contribuant à leur succès professionnel.
Dans le monde professionnel, l’intégration des personnes autistes gagne en attention et en initiatives, bien que le chemin reste long. À mesure que le monde professionnel reconnaît et valorise les compétences uniques des personnes autistes, l’intégration de la neurodiversité devient non seulement une nécessité sociale mais aussi un atout.
N.Ducongé – Les entreprises pour la Cité