« Je ne travaillerai pas et je m’attends à ce que toutes les femmes du gouvernement fassent de même»

Le 24 octobre 2023, les femmes islandaises, dont la première ministre écologiste et féministe Katrín Jakobsdóttir, étaient en grève pour dénoncer les inégalités salariales et les violences sexuelles et sexistes. Les Islandaises gagnent toujours environ 20 % de moins que leurs compatriotes masculins dans certains secteurs, alors même que l’Islande est perçu comme un des pays les plus égalitaire au monde.  

Il est important de le rappeler : il n’y aura pas d’égalité réelle entre les hommes et les femmes tant que les femmes ne gagneront pas, à travail équivalent des hommes, un salaire équivalent.

Les violences sexistes ne s’arrêteront pas tant que les femmes n’auront pas gagné leur pleine indépendance économique et financière. Une femme a deux fois plus de chances d’être victime de violences quand elle gagne moins que son conjoint.

En France, c’est le lundi 6 novembre, à partir de 11 h 25 que l’on considère que les femmes travaillent gratuitement jusqu’à la fin de l’année. Avec, un écart de salaire de 15,4 % par rapport aux hommes, cela revient rapporté aux nombres de jours à 38,6 jours ouvrés travaillés gratuitement par les femmes.

La newsletter féministe Les Glorieuses a effectué ce calcul qui a été réalisé à partir de statistiques européennes sur l’écart de salaire entre les femmes et les hommes en France. Eurostat – organisme de statistiques de l’Union Européenne – note ainsi que dans l’Hexagone, les hommes ont en moyenne des salaires 15,4 % plus élevés que les femmes, à poste équivalent. L’année dernière, le pourcentage était de 15,8 %.

Les Glorieuses proposent aussi des mesures pour agir en faveur de l’égalité salariale qui ont fait leur preuve dans d’autres pays :

  • Appliquer le principe d’éga-conditionnalité, c’est-à-dire conditionner l’accès aux marchés publics et l’obtention de subventions publiques au respect effectif de l’égalité salariale au sein des entreprises. Cette mesure à zéro euro est également recommandée par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, et permet de s’assurer que « le budget alloué par les fonds publics n’accentue pas les inégalités. »
  • Revaloriser les salaires des emplois où les femmes sont les plus nombreuses. (Infirmières, sages-femmes, enseignantes…). Revaloriser le salaire dans ces professions, c’est revaloriser le métier en question. On constate d’ailleurs que dans des secteurs sur lesquels les femmes sont peu présentes, les écarts salariaux sont bien plus faibles. Dans les transports par exemple, les femmes perçoivent un salaire mensuel net inférieur seulement de 2,4 % à celui de leurs homologues masculins.
  • Faire évoluer le congé maternité et paternité pour que ces derniers soient payés de manière équivalente pour les deux parents. La Suède est le premier pays dans le monde à avoir remplacé le congé maternité par le congé parental, donnant aux deux parents la possibilité de passer du temps avec leurs enfants.

Dans une étude menée par le centre ADP Research Institute dans 17 pays [1], l’an dernier en France, 75 % des hommes déclarent avoir été augmentés en 2022, contre 59 % des femmes. Ces inégalités restent un motif de démission : 74 % des salariées envisagent de quitter leur emploi si ces disparités existent, contre 71 % de leurs collègues masculins. Un taux qui monte même à 84 % chez les jeunes actifs de 18 à 24 ans.

Les hommes (75 %) sont aussi plus nombreux que les femmes (53 %) à s’attendre à une augmentation au cours de l’année à venir. Ils espèrent une hausse de 5,95 % en moyenne, alors que les femmes anticipent une augmentation de 5 %. Au niveau mondial, l’écart est moins important qu’en France, avec 8,5 % d’augmentation de salaire attendue pour les hommes et 8 % pour les femmes.  

[1] Les résultats ont été obtenus auprès de plus de 32.000 personnes actives et originaires de 17 pays différents, dont près de 2000 en France.

A lire : « Sexisme en entreprise, comprendre, prévenir et agir ».

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