Intersectionnalité : comment comprendre et intégrer les multiples facettes de la discrimination ?

L’intersectionnalité, terme dérivé de l’anglais “intersectionality” ou “intersectionnalisme”, est une notion sociologique et politique visant à identifier et analyser les situations où des individus subissent simultanément plusieurs formes de stratification, de domination ou de discrimination au sein d’une société. 

Les origines de l’intersectionnalité

À première vue, le concept semble simple : il s’agit de démontrer que les formes de « domination » sont plurielles et d’évaluer l’impact des discriminations multiples – notamment de sexe, de classe, de race, mais aussi de handicap ou d’orientation sexuelle – qui se croisent et se renforcent parfois. 

Kimberlé Williams Crenshaw, féministe américaine, a développé et popularisé ce concept en 1989. Elle décrit l’intersectionnalité comme une situation où une personne cumule des caractéristiques raciales, sociales, sexuelles et spirituelles, ce qui la rend sujette à diverses formes de discrimination. 

Dans un article de 1989, elle met notamment en lumière la double peine infligée aux femmes noires, confrontées à la fois au sexisme et au racisme. Selon elle, la discrimination ne doit pas être analysée de manière isolée mais comme un phénomène interdépendant, d’où l’émergence de l’intersectionnalité.

L’intersectionnalité en France 

En France, le concept est souvent mal compris et perçu comme contradictoire avec les principes de fraternité, d’universalisme et de méritocratie, valeurs fondamentales de notre pays. Intégrer l’intersectionnalité de manière constructive sans la considérer comme une menace est donc un défi, mais elle peut coexister avec les valeurs françaises sans les diluer. 

L’intersectionnalité cherche à reconnaître les diverses formes de discrimination qui peuvent se croiser, permettant ainsi une compréhension plus fine des injustices.

Ce cadre est crucial pour démontrer que la discrimination et l’exclusion sont complexes et ne peuvent être résolues en se concentrant sur un seul problème. Comprendre les inégalités auxquelles différents groupes font face est fondamental pour élaborer des stratégies efficaces visant à surmonter ces injustices. 

L’intersectionnalité en entreprise : une vision plus efficace 

Les entreprises, pour leur part, ont tendance à aborder la diversité et l’inclusion de manière cloisonnée : handicap, égalité hommes-femmes, etc.

Adopter une démarche intersectionnelle dès le départ permettrait de considérer les individus dans toute leur diversité et permettrait de promouvoir une réelle inclusion. Cela implique de penser aux interactions entre les différentes dimensions de diversité, telles que l’âge, le handicap, le genre, et la diversité culturelle, ce qui revient à appréhender comment toutes ces dimensions interagissent ensemble.

L’intersectionnalité peut également amplifier les effets des politiques déjà en place dans les entreprises. Par exemple, dans le secteur du numérique, où le mentorat vise à pallier le manque de diversité en recrutant davantage de femmes, une approche intersectionnelle chercherait à attirer des talents variés d’origines sociales et géographiques différentes, élargissant ainsi le vivier de talents et permettant à l’entreprise d’atteindre plus rapidement les objectifs de performance et de bien-être.

Loin d’être une simple politique additionnelle, l’intersectionnalité représente une nouvelle manière de concevoir les initiatives existantes, permettant d’identifier les personnes non encore bénéficiaires des actions en place et d’augmenter l’impact des politiques de diversité.

Elle reconnaît la multiplicité et l’interconnexion de nos identités – sexe, origine ethnique, classe sociale – et leurs impacts uniques sur nos parcours. 

L’intersectionnalité permet de progresser plus rapidement car en prenant en compte plusieurs axes de diversité, elle permet de dépasser les approches très cloisonnées actuelles pour proposer une vision holistique et efficace. 

Pour intégrer un prisme intersectionnel dans les politiques de diversité et d’inclusion, il est crucial de s’assurer que ce prisme soit compris et accepté. Comme pour les quotas, qui ont nécessité de la pédagogie pour être perçus comme des mesures d’équité, il faut prendre le temps de discuter et d’échanger autour de l’intersectionnalité lors des formations et sensibilisations.

Tandis que la parité peut être mesurée, l’intersectionnalité doit être comprise. Elle garantit que chacun, quelles que soient ses particularités, se sente impliqué et valorisé au sein de l’entreprise. En reconnaissant la multiplicité des identités et des différentes formes de discrimination, l’interculturalité permettra aux entreprises de concevoir des stratégies inclusives plus efficaces.

 

 

 

N.Ducongé – Les entreprises pour la Cité

 

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