Les écarts de salaires entre hommes et femmes cadres persistent, sans grande surprise. Cette différence, à poste et profil identique, s’était réduite de 8,5% à 7,1% entre 2015 et 2019, mais n’a que très peu diminué depuis, puisqu’elle atteint toujours 6,9% en 2024, selon le dernier baromètre annuel de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 14.000 cadres et publié mardi 8 octobre.
Selon l’étude, les hommes occupent plus fréquemment que les femmes des postes élevés au sein des entreprises, entraînant un écart salarial réel de 12 %. Cette inégalité se creuse avec l’âge : la différence de rémunération est limitée à 2 % chez les moins de 35 ans, mais grimpe à 21 % pour les 55 ans et plus.
En France, les femmes représentent en moyenne seulement 27 % des équipes dirigeantes, selon l’édition 2024 de l’étude annuelle réalisée par l’organisation Equileap. L’étude souligne que seules dix entreprises françaises ont une femme à leur tête, dont trois au sein du CAC 40 – Catherine MacGregor chez Engie, Christel Heydemann chez Orange et Estelle Brachlianoff chez Veolia. Par ailleurs, seulement 19 entreprises comptent une femme à la direction financière.
Cette situation contribue à un sentiment d’injustice, ressenti par près de la moitié des femmes cadres (49 %), contre 40 % des hommes, selon un autre sondage de l’Apec réalisé fin 2023.
Cette disparité salariale ne se limite pas aux femmes cadres. Une étude de l’Insee publiée en mars révèle qu’à poste équivalent, une femme gagne en moyenne 4 % de moins qu’un homme dans le secteur privé. L’écart atteint près de 15 % pour un temps de travail identique, et dépasse 23 % si l’on considère le revenu salarial moyen.
Les inégalités entre hommes et femmes cadres ne se limitent pas aux écarts de salaire. Elles se manifestent également dans l’ensemble des parcours professionnels. Plus d’un tiers des femmes cadres (35 %) estiment avoir été freinées dans leur carrière au cours des cinq dernières années en raison de leur genre, selon l’enquête de l’Apec du mois de mars, menée auprès de 2 000 cadres du secteur privé.
Le congé maternité constitue l’un des freins majeurs à la progression professionnelle des femmes. Près de trois quarts des femmes cadres ayant eu des enfants considèrent que cette période ralentit leur ascension hiérarchique « pendant plusieurs années »/
Ces difficultés ne se limitent pas à la période liée à la naissance. Les femmes cadres rencontrent plus souvent que leurs homologues masculins des problèmes à concilier vie professionnelle et vie personnelle, particulièrement lorsqu’elles ont des enfants en bas âge. Lorsqu’un enfant tombe malade, 44 % des mères cadres affirment prendre en charge « le plus souvent » sa garde, contre seulement 16 % des pères cadres. De plus, 30 % des hommes reconnaissent que l’autre parent s’occupe principalement de l’enfant malade, alors que seulement 6 % des mères partagent ce constat.
Plus globalement, plus de la moitié des femmes cadres (54%) ressentent « un niveau de stress intense » au travail voire « un sentiment d’épuisement professionnel », contre 43% des hommes pour le stress et 42% pour l’épuisement, selon une enquête de l’Apec datant de juin.
Enfin, les comportements sexistes perdurent au sein des entreprises avec 45 % des femmes et 35 % des hommes cadres qui disent en avoir été témoins « au moins de temps en temps ».
Source : APEC – Des inégalités persistantes entre les femmes cadres et les hommes cadres » – 7 octobre 2024
APEC – Perceptions des cadres sur les inégalités femmes hommes et le sexisme en entreprise – Mars 2024