Campagne contre les violences faites aux femmes dans les transports : Le gouvernement s’engage avec “Levons les yeux »

A l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre, le gouvernement lance une nouvelle campagne de sensibilisation baptisée “Levons les yeux.” Cette initiative est à destination des victimes et témoins de violences dans les transports en commun : train, métro, bus, et tramway. Dans ces espaces, chacun devrait pouvoir se sentir en sécurité, loin des comportements inappropriés, propos sexistes, menaces, ou exhibitions sexuelles, des actes sévèrement réprimés par la loi. 

Objectifs de la campagne : sécurité et responsabilité partagée

L’initiative cherche à rassurer les victimes et créer un environnement dissuasif pour les agresseurs. Elle s’adresse à tous, sans distinction d’âge, de genre, ou de rôle dans la lutte contre ces violences, misant sur une réaction collective face aux comportements déplacés.

Outils et ressources pratiques pour les usagers

En partenariat avec le média féminin Simone, un guide pratique a été conçu pour les usagers des transports en commun. Ce guide fournit des conseils pour reconnaître les signes de harcèlement, réagir en cas de témoignage d’une agression, et savoir vers qui se tourner.

La méthode des 5D : des réflexes pour agir en tant que témoin

Le collectif Stand-Up, en collaboration avec L’Oréal Paris et la Fondation des femmes, propose la méthode des 5D pour intervenir lors d’une agression :

Distraire : détourner l’attention en engageant la victime dans une fausse conversation.

Déléguer : solliciter l’aide d’un autre passager ou d’un agent.

Documenter : filmer discrètement pour fournir des preuves à la victime.

Diriger : demander à l’harceleur d’arrêter et rassurer la victime.

Dialoguer : réconforter la victime et l’accompagner dans ses démarches.

Pour les urgences, les usagers peuvent composer le 3117, numéro d’urgence de la SNCF accessible 24h/24, ou envoyer un SMS au 31177. En cas de besoin, la police est également joignable au 17.

La campagne “Levons les yeux” rappelle que la sécurité dans les transports est une responsabilité collective, et encourage chacun à être vigilant, solidaire, et à agir pour prévenir les violences sexistes et sexuelles.

Le sexisme en France : les chiffres

Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) donne cette définition du sexisme : il s’agit d’“une idéologie qui repose sur l’infériorité d’un sexe par rapport à l’autre, mais aussi un ensemble de manifestations des plus anodines en apparence (remarques, plaisanteries, etc.) aux plus graves (viols, meurtres) qui ont pour objet de délégitimer, stigmatiser, humilier ou violenter les femmes et entraînent pour elles des effets en termes d’estime de soi, de santé psychique et physique et de modification des comportements”.

En 2013 a été créée la Mission interminisistérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF). Elle est chargée de rassembler, d’analyser et de diffuser les informations et données relatives aux violences faites aux femmes.

La première enquête sur la violence à l’égard des femmes dans les États membres de l’Union européenne a été menée en 2014 auprès de 42 000 femmes. Il en ressort qu’une sur trois a subi au moins une forme de violence physique ou sexuelle depuis l’âge de 15 ans et qu’une femme sur deux a déjà été victime d’une ou plusieurs formes de harcèlement sexuel. Mais le signalement de ces abus aux autorités reste faible.

L’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple pour l’année 2022 dénombre 145 victimes (contre 143 en 2021), majoritairement des femmes (118, contre 122 en 2021). Sur ces 118 femmes tuées, 31% avaient déjà subi des violences de la part de leur partenaire.

En 2023, sur 114 100 victimes de violences sexuelles (dont 65 300 mineures), 85% sont des femmes (Info Rapide n° 32).

 

Une étude de 2021 sur les victimes du sexisme en France signale que les personnes mises en cause dans ces crimes ou délits à caractère sexiste sont quasi exclusivement des hommes (91%).

En France, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint.

Pour mieux détecter les violences intrafamiliales et mieux prendre en charge les victimes, des pôles spécialisés en matière de violences intrafamiliales ont été mis en place dans les tribunaux judiciaires et les cours d’appel depuis le 1er janvier 2024.

Violences faites aux femmes : une mobilisation croissante et des dispositifs renforcés

Face à la gravité des violences faites aux femmes, la réponse de la société française s’est intensifiée, avec des dispositifs multiples allant de l’assistance juridique à la sensibilisation. Outre la réponse pénale, des initiatives concrètes et des lois visent à protéger les victimes, prévenir les abus et sensibiliser le public aux violences et discriminations.

Parmi les ressources directes mises à disposition, le numéro d’appel 3919, lancé en 2007, permet aux victimes ou témoins de violences conjugales de trouver une écoute et des conseils. Les “téléphones grave danger,” équipés d’une touche d’alerte, ont facilité plus de 400 interventions en 2018, offrant une réactivité essentielle pour la sécurité des victimes. Un dispositif de signalement en ligne permet également aux victimes et témoins de dialoguer de manière anonyme avec les forces de l’ordre, disponible 24h/24.

Par ailleurs, depuis 2023, les victimes peuvent déposer plainte chez des tiers, hors des commissariats, facilitant l’accès à la justice.

Sensibilisation dans les médias et à l’école

Le rôle des médias et de l’éducation est également pris en compte. Les chaînes de télévision et de radio doivent rendre compte annuellement de la représentation des femmes et des hommes à l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique).

Dans les écoles, la prévention des violences passe par une éducation au respect, essentielle pour contrer les stéréotypes sexistes.

Lutter contre les violences économiques

Les violences faites aux femmes ne se limitent pas aux abus physiques ou psychologiques, elles incluent aussi la violence économique, souvent précurseur de comportements plus graves. Le contrôle des finances par le conjoint peut isoler la victime et compromettre son autonomie. En 2021, la loi impose le versement des salaires et prestations sociales directement sur un compte personnel pour limiter ce type de domination financière.

Les entreprises pour la Cité – N.Ducongé

Et les entreprises, quels rôles ? – RDV le lundi 25 novembre de 9h à 10h 

Partager
Retour en haut