Le mécénat collectif s’impose comme un modèle d’engagement inédit et porteur de sens pour les entreprises. Il repose sur la mutualisation des forces et des ressources pour répondre de manière plus efficace aux besoins complexes des territoires. Cette démarche innovante s’inscrit dans une dynamique double : le “faire ensemble” qui valorise la coopération inter-entreprises – voire instaure des alliances multiacteurs – et, dans de nombreux cas, le “faire territoire” qui ancre profondément l’engagement dans le tissu local. Mais comment articuler ces deux dimensions ? Comment s’assurer que la collaboration inter-entreprises renforce l’impact local, plutôt que de le diluer ? Quels sont les enjeux concrets pour les entreprises qui cherchent à conjuguer engagement collectif et ancrage territorial ?
Le “faire ensemble” : un levier d’impact collectif
Faire ensemble, c’est avant tout miser sur la collaboration. Plutôt que d’agir de manière isolée, plusieurs entreprises, souvent issues d’un même territoire ou engagées sur des causes communes, unissent leurs forces pour mener des actions d’intérêt général. Ce type d’alliance permet de générer un impact plus grand que la somme des engagements individuels. Prenons l’exemple du fonds de dotation Les Petites Pierres : il réunit des entreprises et des citoyens autour d’un objectif commun, lutter contre le mal-logement. Grâce à cette coopération, les projets soutenus bénéficient d’un apport financier, mais aussi d’un écosystème où chaque acteur apporte son expertise, ses ressources et son réseau.
Dans ce modèle, les entreprises ne sont plus de simples mécènes, mais de véritables partenaires du changement, capables d’influencer le développement de leur territoire. Cet engagement collectif est d’autant plus pertinent dans un contexte où la responsabilité territoriale des entreprises (RTE) prend de l’ampleur. Longtemps centrée sur la responsabilité sociétale au sens large, la RTE invite désormais les entreprises à s’ancrer plus profondément dans leur écosystème territorial, en tenant compte des spécificités et des besoins des communautés avec lesquelles elles interagissent.
Le “faire territoire” : s’ancrer dans son écosystème pour mieux le transformer
Faire territoire, c’est précisément cette idée de se connecter aux réalités locales, un enjeu essentiel pour 64 % des entreprises qui affirment intégrer cette dimension dans leur stratégie[1]. Loin d’un mécénat déconnecté, les entreprises collaborent directement avec les acteurs de terrain : associations, collectivités, citoyens. Ces projets participatifs répondent de façon concrète aux enjeux du territoire, tout en valorisant les savoir-faire locaux. On note d’ailleurs un engagement particulièrement fort dans certaines régions comme l’Auvergne-Rhône-Alpes, les Pays de la Loire et les Hauts-de-France, où près de 50 % des fondations et fonds de dotation comptent au moins une entreprise parmi leurs fondateurs, contre 30 % en moyenne dans le reste de la France[2]. Ces chiffres illustrent une dynamique croissante où l’ancrage territorial devient un levier stratégique pour les entreprises qui souhaitent transformer durablement leur environnement local. Les fondations territoriales, alliances réunissant les mondes économique, politique et associatif, en sont une parfaite illustration : elles soutiennent des initiatives ciblées, répondant aux besoins spécifiques de leur territoire, qu’il s’agisse de l’accompagnement des jeunes décrocheurs scolaires vers des formations techniques, de la revitalisation des commerces de proximité en milieu rural, ou encore de la préservation d’écosystèmes locaux menacés.
Les entreprises y trouvent aussi un intérêt stratégique : en ancrant leur engagement localement, elles renforcent leur impact tout en répondant aux attentes croissantes des consommateurs et des collaborateurs, de plus en plus sensibles à la dimension sociétale de leur entreprise. Cet ancrage local renforce par ailleurs la cohésion interne[3], en particulier dans les petites et moyennes entreprises, où le sentiment d’appartenance au territoire est souvent plus marqué.
Les défis du mécénat collectif : transcender les intérêts individuels au bénéfice de l’intérêt général
Cependant, il serait illusoire de croire que le mécénat collectif ne comporte que des avantages. L’un des principaux défis réside dans la divergence des intérêts entre les différents acteurs. Harmoniser des objectifs parfois contradictoires – en adoptant une posture au service d’un intérêt supérieur à la somme des intérêts individuels – demande une gouvernance claire et un dialogue constant. Le manque de ressources, constitue également un frein. Participer à des actions collectives demande du temps, des moyens financiers et humains, que certaines entreprises peinent à mobiliser.
Au-delà des défis, le mécénat collectif représente une formidable opportunité pour les entreprises de s’engager de manière durable et concrète, d’expérimenter et d’innover en fédérant les forces vives et les expertises croisées. En se mobilisant ensemble, elles contribuent à la transformation de leur territoire, tout en renforçant leur propre légitimité. Loin d’être une nouvelle mode philanthropique, il s’agit d’un véritable levier pour que les entreprises deviennent des actrices du changement là où tout commence : sur le terrain.
[1] Panorama 2024 des fonds et fondations créés par des entreprises mécènes
[2] Baromètre de la philanthropie 2024, Observatoire de la philanthropie
[3] La recherche d’impact constitue la motivation principale à l’implication dans une démarche de mécénat collectif, suivie du renforcement des liens avec les autres acteurs de l’écosystème et du gain d’expérience (Panorama 2024 des fonds et fondations créés par des entreprises mécènes)
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👉 Session 1 – jeudi 7 novembre de 9h à 10h : Mécénat collectif : un atout de développement des territoires ?
👉 Session 2 – jeudi 21 novembre de 9h à 10h : Gouvernance du mécénat collectif : modèles et méthodologies