Absentéisme au travail : une problématique révélatrice de nouveaux enjeux sociaux et professionnels

Ces dernières semaines, de nombreuses organisations ont publié des études et sondages concernant l’absentéisme au travail. Ce phénomène, touche toutes les catégories sociales et tranches d’âge.

D’après la neuvième édition du Baromètre de Malakoff Humanis, 42 % des salariés ont été en arrêt de travail au moins une fois en 2023. Ce chiffre montre une baisse de l’absentéisme, qui tend à retrouver les niveaux d’avant la pandémie de Covid-19. Toutefois, selon le dernier baromètre publié par le cabinet de conseil WTW le 5 septembre, la durée moyenne des arrêts maladie est passée de 20 jours en 2022 à 23 jours en 2023, soit une hausse de 15 %. Cette augmentation est principalement due à la recrudescence des arrêts de longue durée, qui dépassent les 90 jours et représentent désormais 55 % des jours d’absence en entreprise.

Toujours d’après le baromètre WTW, depuis 2019, la prévalence d’absentéisme des jeunes a augmenté de 11%. En clair, en quatre ans, la part de jeunes s’étant fait prescrire au moins un arrêt de travail chaque année a progressé de 11%, avec un pic constaté en 2022.

A noter que l’absentéisme de ces jeunes est caractérisé par une série d’arrêts répétés, comme en témoigne leur fréquence en forte progression (+3% depuis 2019). Ainsi, un salarié ayant entre 50 et 60 ans ne pose que 1,6 arrêt par an en moyenne, contre près de deux (1,9) pour les 20-30 ans.

Il faut dire que le rapport au travail chez les plus jeunes travailleurs a considérablement changé depuis la crise sanitaire. Ils sont plus sensibilisés à la santé mentale que les autres populations, moins réticents à s’arrêter s’ils ne se sentent pas bien.

L’absentéisme ne se limite pas aux jeunes travailleurs. Il touche également plus fortement les femmes et les managers. Les secteurs les plus affectés sont ceux de la santé (52 %) et de l’industrie (45 %). Par ailleurs, les petites entreprises de moins de dix collaborateurs ont vu leur taux d’absentéisme progresser de plus de dix points entre 2021 et 2023. À l’opposé, les grandes entreprises comptant plus de 1 000 salariés ont enregistré une baisse de 16 points, au cours de la même période, selon les chiffres du baromètre.

Des coûts élevés et des répercussions pour les entreprises

L’absentéisme en France reste un problème majeur pour les entreprises, avec des conséquences profondes et coûteuses. L’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT) estime que l’absentéisme coûte aux entreprises françaises plus de 60 milliards d’euros par an.

Ce phénomène a aussi des impacts significatifs sur l’organisation de l’entreprise, notamment dans les structures de taille moyenne ou petite.

Une absence non prévue de deux jours, par exemple, peut désorganiser la chaîne de production de manière plus importante qu’une absence longue, mais anticipée. La redistribution de la charge de travail sur les autres employés peut entraîner démotivation, frustrations et tensions au sein des équipes, exacerbant ainsi un climat de ressentiment dans l’entreprise.

Les réponses des entreprises

Les raisons de l’absentéisme en entreprise sont variées, allant des problèmes médicaux aux difficultés familiales et psychologiques. Parmi les autres facteurs souvent cités, on retrouve les mauvaises conditions de travail physique, les relations tendues avec un manager, des collègues ou des clients, la surcharge de travail, ainsi que le manque de ressources pour accomplir ses missions. À cela s’ajoute le sentiment d’absence de soutien et de reconnaissance, autant de causes qui alimentent les arrêts de travail.

Pour enrayer ces phénomènes, les actions de prévention des risques psychosociaux apparaissent comme la stratégie la plus efficace. Elles reposent notamment sur le dialogue régulier avec les employés et une écoute attentive, tant à travers des échanges directs qu’au moyen de baromètres internes permettant de mesurer les tensions et malaises au sein des organisations.

Le rôle des managers est essentiel dans cette démarche. Ils doivent être en mesure de communiquer avec transparence et de favoriser un climat de confiance. Encourager l’initiative, favoriser l’échange d’idées et permettre l’expression de difficultés éventuelles sont des éléments clés pour développer et valoriser les collaborateurs. Une approche managériale proactive devient ainsi indispensable pour prévenir l’absentéisme

 

 

Etude WTW menée auprès de 2 196 entreprises, représentant un total de 420 280 salariés. Pour mesurer l’absentéisme, tous les arrêts de travail, y compris les arrêts maladie et ceux liés aux AT/MP (accidents de travail, accidents de trajet et maladies professionnelles), ont été pris en compte à partir du premier jour d’absence.

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