LE SAVIEZ-VOUS ?
Quel est le pourcentage de salariés aidants en 2025 ?
20 % soit près d’un salarié sur cinq est aidant en France. Une proportion amenée à croître : ils seront 25 % en 2030 à devoir jongler entre vie professionnelle, rendez-vous médicaux et démarches administratives pour un proche en perte d’autonomie.
Un phénomène de plus en plus précoce. L’âge moyen d’entrée dans l’aidance a baissé, passant de 39 ans en 2021 à 33 ans en 2024. La majorité des aidants sont des femmes (62 % selon France Travail), et ils consacrent en moyenne 9,6 heures par semaine à l’aide d’un proche, principalement leurs parents (34 % des cas).
Pourtant, cette double charge reste souvent tue. Seuls 25 % des aidants informent leur employeur de leur situation, par peur d’être stigmatisés ou freinés dans leur carrière.
L’évolution démographique française alimente cette tendance. Selon l’Insee, l’espérance de vie atteindra en 2060 86 ans pour les hommes et 91,1 ans pour les femmes. La population des plus de 60 ans, aujourd’hui estimée à 15 millions, grimpera à 20 millions en 2030, puis 24 millions en 2060. Quant aux plus de 85 ans, ils passeront de 1,4 million en 2021 à 5 millions en 2060.
Le pays comptera entre 76 000 et 120 000 centenaires d’ici 2040, soit jusqu’à 2,5 fois plus qu’en 2023. Ce vieillissement massif impliquera un accompagnement accru – à l’échelle collective mais aussi individuelle. On estime déjà entre 8 et 11 millions le nombre d’aidants en France, dont 61 % exercent une activité professionnelle (France Travail, avril 2024).
Si de nombreux salariés sont aussi parents, combien doivent également soutenir un proche dépendant ? Ce fardeau physique et émotionnel est souvent caché, vécu comme un sujet privé, voire honteux. Beaucoup d’aidants ignorent même qu’ils le sont, alors que leur quotidien bascule progressivement dans l’accompagnement intensif… jusqu’à la fin de vie du proche.
Les chiffres parlent : parmi les 42 % de salariés ayant reçu un arrêt maladie en 2024, 51 % étaient aidants, contre 42 % l’année précédente (baromètre Malakoff Humanis 2025). En parallèle, 75 % des aidants actifs ne préviennent pas leur manager. Résultat : les employeurs restent largement dans le flou, et cette invisibilité perpétue un cercle vicieux de non-reconnaissance.
Le nombre réel d’aidants est sans doute sous-estimé. Un tiers d’entre eux déclare travailler davantage pour compenser une baisse de productivité (OCIRP, 2023), alors que moins de 2 % bénéficient d’un aménagement de leur temps de travail ou de congés adaptés (étude Bayard & Vous).
Pour les entreprises, l’enjeu est majeur. Si l’absentéisme est mesuré, le présentéisme – ce mal silencieux où le salarié est présent mais épuisé – reste difficilement quantifiable. Fatigue, baisse de concentration, stress chronique… Ces impacts invisibles grèvent la performance globale.
Nathalie Chusseau, chercheuse associée à la chaire Transitions démographiques, transitions économiques (TDTE), professeure à l’université de Lille, estime à 24 à 31 milliards d’euros par an le coût total pour le secteur privé – incluant absences et baisse de productivité.
Face à cette situation, certaines entreprises agissent. Elles mettent en place des mesures comme l’aménagement d’horaires, le télétravail, le temps partiel choisi ou les dons de congés. Des avancées encore rares, mais cruciales pour soutenir les aidants et préserver la santé au travail.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter nos publications sur le sujet des aidants :
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