« Sexisme ? Pas chez nous ! Le jeu qui dépoussière la sensibilisation au sexisme au travail

Entretien avec Pierre-Yves Ginet, co-créateur du jeu

Quel parcours vous a conduit à créer ce jeu ?

Depuis 1997, je me consacre à l’égalité femmes-hommes. Ancien grand reporter, j’ai mis en lumière des femmes en action dans une trentaine de pays avant de co-fonder et diriger le magazine Femmes ici et ailleurs. Je suis aujourd’hui membre du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes et co-directeur de la collection Égale à égal, lancée au début des années 2010, dont le deuxième ouvrage, consacré aux femmes et à la santé, paraîtra prochainement.

Mon engagement se poursuit au sein du réseau FHinkEgal·e, fondé par Delphine Guyard-Meyer, qui réunit consultants, coachs, universitaires et communicants spécialisés sur les questions d’égalité et de mixité professionnelles. Ensemble, nous accompagnons des organisations dans leurs démarches d’égalité et de prévention des discriminations.

Comment est né " Sexisme ? Pas chez nous !"

Et si, pour parler du sexisme, on commençait par… jouer ? C’est le pari que nous avons relevé avec FHinkEgal·e, au départ pour répondre à un de nos clients, le Groupe STEF. Nous voulions concevoir un outil à la fois ludique et pédagogique.

Le projet est né de la collaboration entre Delphine Guyard-Meyer, fondatrice du réseau, Nathalie Poirot, pour les aspects graphiques et techniques, et moi-même, après plusieurs années de travail auprès de dirigeants et dirigeantes, de managers et de représentants RH.

Après un état des lieux des jeux déjà existants sur l’égalité professionnelle, nous avons développé et testé ce concept inédit.

Notre ambition : aborder un sujet sensible sans culpabiliser ni moraliser. Nous voulions un support qui protège à la fois les participants et participantes ainsi que les animateurs et animatrices, tout en permettant à chacun de s’approprier la thématique, sans nécessiter la présence systématique d’experts et expertes, afin de pouvoir démultiplier les sensibilisations.

Quels en étaient les objectifs ?

Trois objectifs guidaient notre démarche :

  • Faire connaître et reconnaître le sexisme. La loi française est exemplaire, mais encore trop peu appliquée. Il faut permettre à tous et toutes d’en comprendre la portée, d’être en mesure de qualifier les faits.
  • Mesurer l’impact du sexisme. Les conséquences pour les victimes sont désormais bien documentées ; encore faut-il savoir les considérer.
  • Enfin, bien sûr, réagir de façon appropriée face au sexisme.

Le jeu suscite le débat entre salariés. Depuis #MeToo, la question du sexisme a gagné en visibilité et “infusé” les organisations, mais la majorité demeure trop souvent silencieuse sur le sujet. Ce jeu rend visible cette majorité de personnes qui veulent le changement. Par ailleurs, il permet aussi d’affirmer la parole hiérarchique face au sexisme : l’implication visible des dirigeants et dirigeantes reste essentielle pour instaurer une culture d’égalité. 

Quel est le principe du jeu ?

Il s’agit d’un jeu de plateau, inspiré du jeu de l’oie, pour aborder autrement le sexisme et le harcèlement sexuel au travail. En solo ou en équipe, les participants et participantes parcourent les étapes d’une carrière au sein de l’organisation.  À chaque étape, plus de 400 cartes et cases mettent en scène des situations de sexisme ordinaire, de harcèlement sexuel ou de stéréotypes de genre et invitent les joueurs et joueuses à les identifier. Les réponses sont toutes sourcées, appuyées par des études incontestables et bien sûr, par les textes de lois. Le dispositif favorise un climat convivial, propice au dialogue et à la prise de recul.

L’animation est assurée par des facilitateurs et facilitatrices formés, pour sécuriser les échanges sur un sujet parfois sensible. La posture de l’animateur est déterminante pour créer un climat de confiance et d’écoute.

Pensé comme un outil de prévention, « Sexisme ? Pas chez nous ! » combine pédagogie, émotion et plaisir du jeu pour transformer une thématique délicate en expérience collective et constructive.

Modulaire, le jeu s’adapte à tous les formats : 2 à 9 joueurs et joueuses, ateliers de 30 à 90 minutes, sessions pour managers ou collaborateurs, événements ponctuels ou outil intégré à une stratégie interne sur la durée. Il peut être personnalisé aux couleurs et aux réalités de chaque entreprise, en intégrant son plan d’action égalité ou des situations de terrain. Il s’adresse à tout type et toute taille d’entreprise, avec des budgets adaptables.

Chaque déploiement s’accompagne d’une formation des animateurs et animatrices : fondamentaux du sexisme, mécanismes des stéréotypes et posture de facilitation. Un levier clé des plans de prévention en santé, sécurité et qualité de vie au travail.

Les entreprises pour la cité : un réseau pionnier

Depuis plus de 30 ans, notre association mobilise et inspire les entreprises en matière d’innovation sociale (diversité, inclusion, égalité des chances, mécénat et engagements citoyens). Nos équipes animent la réflexion et accompagnent un collectif d’entreprises engagées en faveur de l’intérêt général, par le partage et la co-construction. 

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