Les inégalités professionnelles restent une réalité bien ancrée pour une large majorité de femmes. Selon le baromètre #StOpE 2025 sur le sexisme ordinaire au travail, dévoilé mardi 6 mai, 80 % des femmes estiment que ces inégalités demeurent très importantes dans le monde professionnel.
L’étude met en lumière une réalité préoccupante : 67 % des femmes interrogées affirment avoir déjà été personnellement confrontées à des comportements discriminatoires ou sexistes au sein de leur entreprise. Une expérience qui, selon elles, reste largement répandue.
Trois femmes sur quatre (77% VS 82% en 2021) estiment que les attitudes ou décisions sexistes à l’égard des femmes sont encore fréquentes au travail. Un constat encore plus prononcé chez les moins de 35 ans, dont 86 % partagent ce sentiment.
Inégalités salariales, sexisme ordinaire et maternité : un climat professionnel toujours défavorable aux femmes
Les disparités salariales restent un point de crispation majeur : plus d’une femme sur deux estime être moins bien rémunérée que ses collègues masculins pour un travail de valeur équivalente. Un ressenti qui s’accompagne d’un autre constat alarmant : 66 % des femmes déclarent devoir fournir davantage d’efforts que les hommes pour obtenir la même reconnaissance professionnelle. À l’inverse, seuls 49 % des hommes perçoivent cette exigence supplémentaire.
Le sexisme au travail se manifeste aussi par des formes plus insidieuses, notamment via l’humour. Plus de sept femmes sur dix affirment avoir déjà entendu des plaisanteries sexistes à l’encontre des femmes dans leur environnement professionnel, chiffre qui n’a pas diminué depuis 2023. Près de 40% des femmes sondées expliquent aussi avoir déjà été interpellées par un homme par un qualificatif sexiste, comme “ma grande” ou “miss”, alors même qu’un homme sur deux voit ces expressions comme “bienveillantes”, voire “flatteuses”.
Les réunions semblent notamment être des lieux où les comportements sexistes sont récurrents, puisque deux femmes sur trois affirment en avoir subi dans ce cadre. Ces situations sont mêmes qualifiées d’invisibles pour 64% de leurs collègues masculins.
La maternité, elle aussi, reste un obstacle : 73 % des femmes interrogées considèrent qu’être mère constitue un frein à l’évolution de carrière.
Face à ce climat, certaines adoptent des stratégies d’évitement. Près d’un tiers des femmes (31 %) déclarent éviter certaines tenues vestimentaires, 25 % évitent de se retrouver seules avec certains collègues, et 18 % renoncent à prendre la parole en public.
Pour lutter contre ces inégalités, 43 % des salariées plaident pour des sanctions systématiques en cas de comportements sexistes. Pourtant, moins d’une sur deux (46 %) estime que les entreprises s’impliquent réellement pour faire reculer ces inégalités.
Le baromètre met aussi en lumière une forme de résistance masculine : tous genres confondus, 9 salariés sur 10 se disent bien conscients que “les propos sexistes nuisent au bien-être au travail, à la confiance en soi et à la santé des femmes», et appellent à en sanctionner les auteurs. Mais lorsque l’on se concentre sur les sondés masculins, ils sont nombreux à remettre en cause la pertinence de la promotion de l’égalité homme-femme.
40 % des hommes disent se sentir discriminés par les politiques d’égalité entre les sexes. Autre chiffre révélateur d’un décalage persistant : près d’un homme sur deux estime que les tâches domestiques et parentales n’ont aucun impact sur l’égalité professionnelle.
Deux perceptions paradoxales du monde professionnel émergent : d’un côté, la réalité des femmes confrontées à des inégalités et à des comportements sexistes ; de l’autre, la perception des hommes selon laquelle l’égalité serait acquise.
Pour Brigitte Gresy, ancienne présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, l’attention doit désormais se “porter prioritairement sur la façon dont il convient d’embarquer les hommes dans cette lutte contre le sexisme”.
Source
Baromètre #StOpE 2025 sur le sexisme ordinaire au travail, publié le 6 mai 2025