Les stéréotypes sexistes subsistent en entreprise

En France, les inégalités sont encore largement présentes dans les espaces publics et privés, selon les chiffres du Haut Conseil à l’Égalité.

“Le sexisme ne recule pas. Il perdure et ses manifestations les plus violentes s’aggravent”. Voilà ce que révèle le nouveau rapport annuel du Haut Conseil à l’Égalité, rendu publique le 23 janvier, texte qui a pris en compte l’ expérience de 2.500 personnes sondées.

Selon le rapport, 93% de la société française reconnaît des inégalités de traitement entre les hommes et les femmes dans la majorité des sphères de la société (école, travail, université, famille..). Pire encore, 55% des Français considèrent qu’il est “difficile” d’être une femme dans la société actuelle. 

Et c’est le monde professionnel qui est identifié comme étant particulièrement sexiste.

20 % de la population estime que les femmes et les hommes sont égaux au sein du monde professionnel et 37 % des femmes affirment avoir déjà vécu des discriminations sexistes dans leurs choix d’orientation professionnelle ou dans des postes à compétences égales avec un collègue homme.

Ces chiffres sont dans la prolongation de ceux du Ministère du travail qui avait publié une enquête en novembre 2022, où il ressortait que le sexisme est encore bel et bien présent au travail, avec plus de 40% des femmes ayant déjà eu affaire au sexisme dans leur vie professionnelle.

Dans un sondage publié fin mars 2022 d’Ekilibre Conseil-OpinionWay, 60 % des salariés interrogés déclarent avoir été exposés à au moins un agissement à connotation sexiste et/ou sexuelle dans le cadre de leur travail au cours des douze derniers mois. D’après Ekilibre Conseil, 16,5 millions d’actifs pourraient donc potentiellement être concernés par le sujet. Plus préoccupant encore : pour les trois quarts des sondés, ces manifestations n’ont pas tendance à diminuer. Parmi eux, 14 % considèrent même qu’elles ont augmenté ces dernières années confirmant ainsi les chiffres du Haut Conseil à L’égalité.

Face à ce fléau, les femmes, qui subissent déjà la conciliation tâches professionnelles et familiales, perdent confiance en elles avec des conséquences directes sur leur parcours professionnel : “35% des actives n’osent pas demander d’augmentation ou de promotion” affirme le Haut Conseil à l’Egalité.

D’après le sondage d’Ekilibre Conseil-OpinionWay, la liste des agissements est longue et la part des actifs concernés, non négligeable. Ainsi, 15 % des répondants disent, par exemple, avoir subi des propos verbaux ou écrits obscènes ou à connotation sexuelle, 13 % ont essuyé des propos culpabilisants au regard de la parentalité, 10 % ont été confrontés à des textes photos ou vidéos à caractère sexuel, et 8 % disent avoir subi des contacts physiques sans consentement, de façon régulière pour la moitié d’entre eux !

Les femmes sont significativement plus visées que les hommes par des regards insistants, sifflements ou gestes grossiers (21 % contre 7 %) et des remarques associant une compétence professionnelle uniquement au sexe/genre (24 % contre 13 %). L’observatoire montre aussi que les salariés des entreprises publiques, les jeunes et les cadres sont les plus touchés par ce type de problème. Dans 58 % des cas, l’auteur du principal agissement vécu au cours des derniers mois est un (ou une) collègue. 9 % des personnes interrogées citent leur supérieur hiérarchique ou leur patron, 8 %, un client.

Le Haut Conseil à l’Égalité note que les hommes peinent à se sentir concernés. Ils considèrent le sexisme ordinaire comme bénin et ne mesurent pas les conséquences que ce dernier peut avoir en matière de domination et de violence sur les femmes. Ceci est encore plus marqué chez les hommes de moins de 35 ans, où les clichés « masculinistes » sont fortement ancrés.

Quatre salariés sur dix déclarent ne pas avoir pu réagir ou s’exprimer au moment des faits. Parmi ceux-ci, 32 % pensent que cela n’aurait servi à rien et 18 % ont eu peur des conséquences. Une fois informés de la situation, les soutiens faisant preuve d’une réaction adaptée et aidante sont d’abord les collègues (cités à 36 %), devant le supérieur hiérarchique direct (24 %), la direction (22 %), les représentants du personnel (20 %) et le service des ressources humaines (19 %).

L’entreprise a encore du travail pour lutter contre le sexisme : plus de huit actifs sur dix (83 %) voient dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes au travail un enjeu majeur, 45 % considérant même que leur entreprise n’a pas fait ce qu’il fallait pour lutter contre le sexisme. Si 39 % des salariés évoquent spontanément des sanctions, 60 % plaident pour la mise en place d’actions de sensibilisation.

Sources : Rapport annuel sur l’état du sexisme en France 2023

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